Violence : un mot qui marque
Un jour il m'a serré les bras, pas beaucoup juste assez pour laisser sa marque. Ce n'était pas bien grave, je lui appartenais. Je me suis excusé de l'avoir mis en colère, même si je ne savais pas ce que j'avais fait de mal. J'étais si maladroite que je méritais ce qui m'arrivait. Ce n'était pas grave puisque je n'ai pas saigné. Je me suis effacée pour éviter de le mettre en colère. J'étais ravie des miettes de tendresse et d'attention qu'il daignait m'accorder à l'occasion.
Quand il m'a frappé plus fort et que j'ai saigné, il a pleuré. Il s'est excusé et m'a apporté des fleurs. Je lui ai pardonné, car il regrettait sincèrement. Il a juré que ça ne se reproduirait plus jamais.
Ça s'est reproduit. De plus en plus souvent. Les coups ont été de plus en plus forts. Il était la personne qui me connaissait le plus au monde et il me disait que j'étais moche, maladroite, idiote et bonne à rien. Il ne pouvait avoir tort sur toute la ligne. La place qu'il voulait bien me laisser était devenue tellement étroite que même mon ombre était de trop.
Des mécanismes conscients et inconscients pour survivre
Quand on a eu un passé difficile, il y a plusieurs façons de réagir, consciemment ou non, pour survivre. Je vous en énumère quelques-unes :
- Nier, oublier et fuir toutes les occasions de se rappeler ce qui a été
- Développer une maladie mentale
- Refuser de passer à une autre étape et laisser le passé contaminer le présent et l'avenir après avoir vécu ou non les étapes qui précèdent
- Reconnaître et accepter son passé
- Digérer cette souffrance
- Prendre en main sa guérison et accepter de se faire aider
- Prendre le contrôle de sa vie et décider ce qui est bon ou mauvais soi-même.
Une fois en paix avec son passé vient l'étape du pardon - le pardon n'est pas de l'amnésie, mais de redonner à l'autre ce qui lui appartient sans amertume ni même chercher à le comprendre.
Vous vous dites peut-être « moi ça ne m'arrivera pas » et je vous le souhaite bien sincèrement. Par contre, si ça vous arrive, je souhaite que vous repensiez à mon histoire.
Des attitudes pour s'en sortir
- Sachez reconnaître les indices de la violence
- Admettez que ça ne va pas
- Entourez-vous, vous isoler accentue votre dépendance
- N'oubliez jamais que vous êtes responsable de vous-même, mais pas de l'autre
- Acceptez que vous n'êtes pas une sauveuse
- Arrêter de croire que l'autre peut combler ce qui vous manque et que vous pouvez combler ce qui lui manque
- Ne renoncez jamais à qui vous êtes.
Je souhaite que ces informations servent à dénoncer ces situations ou supporter les personnes qui les vivent. On ne peut pas sauver les autres, mais on peut les encourager et les informer où trouver les outils et l'aide pour organiser son sauvetage, car la vie est si belle et a tant à offrir !